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Le blog de Tony Andreani
5 juillet 2010

Brève du 5 juillet 2010

 

Derniers méfaits du marché carbone

 

Dans mon article « Le changement climatique impose la planification » je dénonçais, à la suite de plusieurs auteurs, le marché des crédits carbone, plus connu sous le nom du marché des droits à polluer, institué par le protocole de Kyoto : une mauvaise solution au réchauffement climatique, complexe, inefficace, terrain de jeu pour la spéculation.

Voilà que je lis dans Le Monde du 26 juin une remise en cause, par des ONG spécialisées, du dispositif onusien appelé « mécanisme de développement propre ». Ce mécanisme transforme des économies réalisées dans la production de CO2 ou d’équivalents CO2 (des gaz à effet de serre encore plus nocifs que le CO2) en crédits vendables sur le marché aux entreprises polluantes, qui voient ainsi leurs droits à polluer augmenter. L’idée était d’inciter ainsi des industriels des pays du Sud à détruire des gaz nocifs (dans le cas présent un gaz, le HCFC23, généré lors de la production d’un autre gaz, le HFC22, utilisé dans l’industrie du froid), ce qu’ils n’auraient pas fait sans cette incitation financière. Or on s’aperçoit que cette vente de crédits carbone est si rentable que ces industriels se sont jetés dessus et que ce marché a pris une ampleur inattendue. Mais, tenez-vous bien, au moins la moitié de ces économies seraient fictives, et, qui plus est, des industriels « auraient artificiellement accru leur production et volontairement maintenu un niveau élevé de pourcentage de HFC23 généré par le processus », si bien qu’une bonne partie des gaz à effet de serre détruits grâce à l’argent des crédits carbone n’aurait jamais dû être émise - mais aurait permis à cette industrie de percevoir un milliard de dollars chaque année. Ces gaz, en outre, détruisent la couche d’ozone.

Voilà donc ce qui se passe quand on confie à une industrie privée, moyennant un avantage financier, la tâche de réduire des quantités de gaz et qu’on institue un marché spécialisé pour les crédits carbone qui découlent de cette économie. Alors que la solution simplissime était, pour un Etat, de taxer cette production ou, pour une agence de l’ONU, de subventionner directement, et sous contrôle, l’économie réalisée (pour aider les pays en développement à réduire leur bilan carbone). Le marché des droits à polluer s’avère ainsi non seulement inefficace, mais contre-productif !

Evidemment les marchés de ces crédits carbone ont commencé à s’affoler, dans la perspective d’une révision du mécanisme de développement propre. L’association qui représente les acteurs de ces marchés a dénoncé « la nature politique du débat et la pression qu’une telle politisation fait peser sur le régulateur ». Sans commentaires…

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